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JUIN l590. 57
mandé aux gens d'Eglise assemblés au Palais qu'ils contribuassent au soulagement des pauvres, ou en argent ou en grain. Alors un des marguilliers, parlant pour tous, proposa qu'il seroit bon que les ecclesiastiques nourrissent quinze jours les pauvres qui sont dans la ville; que ceux qui avoient des provisions au-delà de leur nécessaire les vendroient à ceux qui n'avoient que de l'argent. Mais un ecclesiastique, répondant pour tous, remontra qu'ils ne pouvoient le faire sans en communiquer plutôt aux députés du clergé. Mais M. le duc de Nemours dit que la necessité requeroit de déliberer sur le champ, et commanda aux ecclesiastiques d'obéir. Sur quoi les prelats s'assemblèrent incontinent, et fut ordonnée une visite dans toutes les maisons des ecclesiastiques, seculieres et régulières.
Le mardy vingt-sixième, fut commencée ladite visite par les capitaines de quartier, accompagnés de deux ou trois prud'hommes des mêmes quartiers. Ce même jour le recteur du college des jésuites, appellé Tyrius, fut ches le légat accompagné du pere Bellarminus, pour le supplier qu'il lui pleut exempter la maison de cette visite. Alors le prevost des marchands, qui étoit présent, dit d'une voix qui fut ouïe de tous : « Monsieur « le recteur, votre priere n'est civile ni chrétienne. « N'a-t-il pas fallu que tous ceux qui avoient du bled « l'ayent exposé en vente, pour survenir à la nécessité « publique? Pourquoi serez-vous exempt de cette visite? « Votre vie est-elle de plus grand prix que la nostre?» Cette réponse entenduë rendit honteux le recteur.
Par la visite qui fut faite dans la maison des jésuites, on y trouva quantité de bled, et du biscuit pour les
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